A la santé des 49.000 !!
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49.000, c’est le nombre de morts annuels, en France, provoquées par la consommation d’alcool. Le tabac fait, certes, pire avec 73.000 morts, mais ce n’est pas une raison …
Nos représentants, députés et sénateurs, emmenés par le sénateur de la Gironde Gérard César, ont trouvé opportun de modifier la « loi Evin » par la « loi Macron », en introduisant un subtil distinguo entre information et publicité. On nous parle de protéger la viticulture, de favoriser l’oeno-tourisme, de défendre l’emploi de 500.000 personnes … En pratique, il s’agit d’ouvrir la porte à des actions d’ « information » dont l’effet promoteur de la consommation sera d’autant plus redoutable que camouflé et, sans doute particulièrement utilisé par d’importants opérateurs économiques, plus susceptibles d’accéder aux plus puissants media que de petits viticulteurs. Et tout cela alors que la publicité pour les boissons alcoolisées est tout à fait possible, mais seulement un peu limitée. L’OCDE vient de publier un rapport “Lutte contre l’usage nocif de l’alcool : politiques économiques et de santé publique” (lire ce rapport) ; on peut y lire : “La consommation à risque est en augmentation, chez les jeunes et chez les femmes, dans de nombreux pays de l’OCDE, en partie parce que les boissons alcoolisées sont devenues plus aisément disponibles et plus accessibles financièrement, et qu’elles font l’objet de campagnes de publicité efficaces...”. Il y a quelques semaines déjà, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et l’INPES dans leurs publications respectives (lire ici et là), alertaient sur l’augmentation du “binge drinking” (“biture express”) chez les jeunes : en 2014, 57 % des jeunes de 18 à 25 ans ont présenté un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante (5 % de plus qu’en 2010) ; par ailleurs, les ivresses régulières (au moins dix par an) concernaient 10 % des jeunes de 18 à 25 ans en 2014 contre 2 % en 2005.
Mesdames et messieurs les sénateurs et députés, où est la cohérence ? Ouvrir aujourd’hui un peu plus les vannes de la consommation d’alcool après avoir, il y a quelques semaines ajouté à la loi de modernisation de notre système de santé des dispositions, assorties de sanctions pénales, destinées à lutter contre la maigreur excessive, sujet intéressant, mais qui n’a sans doute pas l’importance des conséquences de la consommation d’alcool.
A raison de 49.000 morts par an, il faut à peine plus de 10 ans pour atteindre les 500.000 qui vivraient de la consommation d’alcool. La ministre de la santé est « en colère » et déplore sans pouvoir faire grand chose, semble-t-il …
Est ce tout ce qui nous reste en santé publique : être en colère et déplorer ?
Allez, encore un effort, maintenant baissons le prix des cigarettes !!
Le conseil syndical du SMISP-UNSA